jeudi 25 décembre 2008

Le coup de la panne...



"Lors de la formation de pilote, en dehors du contrôle normal de l'appareil, on est amené bien entendu à savoir gérer ou à être confronté aux pannes et autres avaries possibles.

Pannes d'instruments, pannes de volets, pannes électriques et surtout...pannes moteurs!

Nos avions sont des "plus lourds que l'air", et la seule chose qui les fait tenir en l'air est la vitesse. Sans elle, le poids de l'avion l'entraîne inexorablement vers le sol, malgré la portance des ailes.

La finesse d'un appareil détermine sa capacité à parcourir un trajet donné pour une perte d'altitude donnée; a une vitesse donnée (dite vitesse de finesse max ; autrement dit, la meilleure vitesse de plané ou meilleur compromis entre vitesse et perte d'altitude).

Sur des planeurs standards, la finesse est de plus ou moins 35/40 , mais peut aller jusqu'à 50 sur les plus performants. Cela signifie que pour 1 kilomètre d'altitude perdue, le planeur parcourra 50 kilomètres de distance horizontale. Et ce, en atmosphère uniforme sans aucune perturbation. Autant dire qu'une telle atmosphère n'existe pas dans la réalité et que, sur son parcours, le planeur rencontrera forcément une ascendance, une onde, un vent porteur, qui lui permettra théoriquement de rester indéfiniment en l'air.

Il n'en est pas de même avec nos avions. Certes, ils se débrouillent plutôt pas trop mal en plané et certains sont même très performants en la matière ( essayez donc ( seul à bord ) de vous mettre sous un cumulus en cessa 150, réduisez le régime moteur vers 1200 tours et maintenez 65 kts de vitesse indiquée, vous sentirez une ascendance, spiralerez autour et magie; l'avion monte!, on arrive à obtenir de 300 à 500 ft/min au variomètre!), notamment les avions de dernière génération en fibre, je pense au DA-20 dont l'aile est issue d'un profil de motoplaneur.

Mais pour la plupart, la panne moteur totale amène à rechercher le champ ou la piste ( si l'on est à porté de vol plané d'une plateforme aéroportuaire ) pour se poser en campagne. Et de tous les pièges à éviter ; faux plats, nature du champs ( ne vous posez pas dans des vignes ou du maïs!, vérifiez si il n'a pas été labouré et si pas le choix, essayez de poser dans le sens des sillons ), lignes électriques traversant le champs...

Pour information, nos avions affichent des finesses variant autour de 7 à 13 . Soit, pour 1 kilomètre d'altitude perdue, 7 à 13 kilomètres parcourus, tout ceci est théorique et il faut prendre en compte l'influence du vent notamment, de la température également ( un air froid est plus dense et porte plus qu'un air chaud ).

C'est un exercice vu à plusieurs reprises au cours de la formation de pilote et bien entendu, je n'y ai pas coupé lors de la mienne. Sauf que, en général, on se contente de simuler la panne...

Par un vol de fin de formation de pilote privé, en février 2004, nous venions de faire une belle navigation triangulaire avec un autre élève. Je devais ramener l'avion ( Un Robin DR-400 ) d'Agen à Bergerac. Un temps magnifique, une visibilité de plusieurs dizaines de kilomètres. Nous étions stables à 3000 ft ( environs 1000m ) et la navigation se passait parfaitement.

Seulement mon instructeur, assis à ma droite, me préparait quelques frissons depuis plusieurs minutes...

Il a attiré mon attention dehors en prétextant avoir vu un avion dans nos 10 h , me forçant à regarder vers l'extérieur... et en à profité pour passer le sélecteur carburant de ouvert à fermé... Je n'ai pas vu l'appareil qu'il prétendait avoir aperçu ( et pour cause! ) et je reprenais mon pilotage comme si de rien n'était.

Se passe une dizaine de secondes ( durant lesquelles le moteur à brûlé le carburant restant avant la coupure du robinet d'arrivée d'essence ) quand il se met à brouter , passant d'un régime de 2500 tours minutes standard à 1800..1600...1200...

Première réaction, instructeur ou pas à bord...croire à la vraie panne... Je n'ai pas pu m'empêcher de lâcher un... " Et Merde!...c'est la panne!" Surtout que, contrairement aux précédentes panne moteurs que nous avions simulées, il ne m'en avait rien dit...

Vite prendre la vitesse de meilleur plané ( finesse max ) (65 kts sur cet avion), appliquer la procédure que mon instructeur m'a enseignée en cas de panne moteur en croisière. Je check, les magnétos? contact sur on, la mixture? riche, l'autonomie? ok, l'essence? ah bah, pas ok du tout! je sélectionne l'arrivée d'essence sur ouvert et passe la pompe électrique sur on et à peine 3 secondes plus tard, le moteur repart comme si de rien n'était ( ouf! ).

Le cas échéant et si nous avions été en cas de vraie panne, on n'aurait pas eu de mal à se poser car, pas inconscient, il (mon instructeur ) à fait ce "gag" à proximité du terrain de Villeneuve sur Lot, que l'on aurait pu atteindre en plané sans trop de mal

Petites sueurs quand même. On se rend compte quel point une hélice qui tourne est réconfortante pour le pilote ! :-D Je regarde mon instructeur du coin de l'oeil... d'un air de dire.. tu m'as fait un drôle de coup. Mais excellente mise en situation.

On se rend surtout compte que l'application de procédures systématiques et ne laissant pas la place au hasard est indispensable.

A retenir également pour tous ceux qui croient que les avions sont des briques volantes qui tiennent en l'air par on ne sait quel miracle...
Certes, seul(s) notre (nos ) moteur(s) nous font tenir en l'air car ce sont eux qui nous amènent la vitesse indispensable à notre sustentation.

Cela dit, les avions planent plutôt bien et à moins de se retrouver au dessus d'une vaste étendue forestière sans aucun terrain clair ( coupe-feu en forêt ou chemin forestier par exemple ), en région de montagne sans vallée, ou au dessus de la mer ( quoi que l'on peut tenter d'amerrir et de toutes façons, la réglementation nous oblige dans ce cas à porter gilets et canots de sauvetage dans l'avion ), et à condition d'avoir une altitude suffisante, les pannes moteurs amènent rarement à des résultats dramatiques.

A l'exception des pannes moteurs au décollage qui sont la hantise de chaque pilote.
La vitesse et l'altitude étant très faibles, nous avons des marges de manoeuvres très réduites et seule la recherche de la vitesse et le contrôle de l'avion doit nous préoccuper dans une telle situation.
Car la vitesse , c'est la VIE! Un décrochage ( perte de portance due à une vitesse trop faible et/ou à une incidence trop importante ) à basse altitude ne laisse AUCUNE chance de survie, alors qu'un semi-crash en bout de piste , mais en ayant gardé le contrôle de l'avion, se solde le plus souvent par une casse matérielle, mais pas humaine.

(nota : la vitesse peut ne pas être la seule cause d'un décrochage; en effet, l'angle d'attaque de l'aile par rapport à l'air ( de l'ordre de 17° sur la plupart des avions légers ) est un facteur déterminent. De sorte que pour prendre l'exemple de la remarque d'un ami pilote ; si vous êtes en piqué à grande vitesse et faites une ressource brusque, vous pouvez décrocher l'aile, malgré votre vitesse, car l'angle d'attaque trop important fait que l'écoulement de l'air sur l'aile ne se fait plus correctement et l'aile ne vous porte plus. )

C'est pour cela que l'on ne doit JAMAIS tenter de faire demi tour pour revenir se poser si l'on est confronté à une panne moteur au décollage, mais garder une marge de manœuvre de 30 degrés de chaque côté de l'avion maximum et rechercher la vitesse pour voler... autrement dit, ne pas tenter de virer ( risque de partir en vrille car vitesse faible, incidence élevée ), ne pas tenter de monter ( décrochage, perte de contrôle ). Rester concentré sur la vitesse et la recherche d'un endroit "posable" devant soi.

On ne compte hélas plus les vrilles à basse altitude dues à des tentative de retour sur le terrain de départ et qui se sont soldées par des crash; en revanche, les pilotes avec du sang froid qui on sauvé l'appareil et les occupants sont tous allés...droit devant. Pour preuve ce Cessna 182 qui a eu une casse moteur au décollage à Bordeaux Saucats l'année dernière et dont le pilote a réussi à "semi-crasher" l'avion 200 mètres après le seuil de piste. Avion HS, mais seulement une grosse frayeur pour les 4 occupants de l'avion. Chapeau.

Mais rassurez vous, les pannes moteurs sont devenus très rares de nos jours et nos mécaniques sont éprouvées et révisées très régulièrement. Les voitures tombent bien plus en panne.... et planent beaucoup moins bien! :-D

Bons vols."

Récit d'un copain...
Benjamin Ballande

2 commentaires:

Anonyme a dit…

tu t'es mis aussi au PilotBearvardage... looooooooooong, mais qd meme pas ininteressant...lol

baptiste a dit…

j'avais pas mis de commantaire , et pourtant j'avais trouver vraiment excellent cet article, (pas besoin d'etre captain a BA pour le comprendre) et qui permet de découvrir pour les novices et simple visiteur pas mal de truc sur "Le pilotage"